La communication propose une réflexion sur le traitement des données personnelles relatives aux interactions de soin en structure pluridisciplinaire. L'un des enjeux langagiers majeurs du travail en équipe est la transmission des informations entre professionnels d'un même service ou entre différents services intervenant dans un parcours de soin. La problématique de la transmission des informations sera appréhendée en tant que parcours langagier du soin. Les données d'étude sont des extraits de réunions d'équipe issus de deux corpus de soin, le premier, Parole émergée, a été constitué en CSAPA en Haute-Saône, et le second est issu d'une enquête exploratoire menée au sein de l'Etablissement de Santé Mentale du Loiret Georges Daumezon. Dans ces contextes, le soin est composé par une série d'actes, en grande partie de nature langagière, qui constituent, conjointement, le soin.

Nous étudierons les procédés de thématisation et de focalisation des objets constitutifs du soin. En effet, le fractionnement du soin en actes successifs aux contours temporels divers (référencés et calibrés par l'ARS) exerce des contraintes langagières spécifiques sur le « travail de formulation » des interactants. Les actes sont inscrits en outre dans des temporalités distinctes, qui favorisent le recours à des motifs langagiers particuliers. Le processus de reformulation inhérent à ce contexte induit une transformation des informations qui circulent entre professionnels. La méthodologie d'analyse est fondée sur une double approche séquentielle et thématique du discours, qui s'inspire de l'analyse conversationnelle et de l'analyse du discours, en problématisant différents aspects de la cohésion discursive par la macrostructure de l'interaction et les caractéristiques structurelles des formulations et reformulations progressives.

Nous proposerons sur cette base une réflexion autour de la notion de données sensibles qui a pour objectif de poser les prémisses à un procédé de traitement du corpus compatible avec les contraintes exercées par le RGPD. La nécessité de la désidentification/anonymisation des données crée en effet une tension importante entre l'exploitation linguistique et la protection des données personnelles relatives aux patients usagers de la structure médicale, dont précisément les attributs personnels sont thématisés. La nécessaire confidentialité des données de corpus langagiers transcende le secret médical et dépasse la problématique de la désidentification puisque le soin se construit précisément autour de ces attributs élaborés dans le discours, qui rendent vulnérables les individus.

mots clés : interaction de soin, données personnelle