En 2012/2013, à l'Université de Lyon (UdL), un tiers des étudiants recensés à la mission handicap présentent un trouble Dys-, et le plus souvent une dyslexie. Suite au Rapport Ringard (2000), signalant une prévalence importante de la dyslexie (6 - 8%, Zorman, et al., 2004) et le Plan d'Action qui a suivi, les enfants dyslexiques sont détectés et pris en charge plus tôt, ce qui favorise leur accès aux études supérieures. Néanmoins, la majorité des aides disparaissent, alors que de grandes difficultés persistent (Jacquier et al., 2009) et que les prises en charge, qui réduisent les inconvénients, ne font pas entièrement disparaître les anomalies (Swanson et Hsieh, 2009).

Face à cette situation, la mission handicap de l'UdL a exprimé le besoin de mieux connaître cette population afin de mieux les accompagner. La prise en charge des étudiants dyslexiques présente un enjeu sociétal, doublé d'enjeux scientifiques. C'est dans ce contexte qu'une équipe pluridisciplinaire a été mise en place dans le cadre de projets dont les objectifs étaient de : 1- préciser les difficultés et besoins des étudiants dyslexiques (ETUDYS[1]) puis plus précisément en anglais et en français lors de la production textuelle (DYS'R'ABLE1) ; 2- confronter ces éléments à des données objectives issues : d'un bilan orthophonique et neuropsychologique (ETUDYS), d'expérimentations sur l'anglais (DYS'R'ABLE) et en psycholinguistique sur le français (ETUDYS/DYS'R'ABLE/FLEXIDYS[2]) ; 3- sensibiliser les acteurs universitaires. Les analyses révèlent que les étudiants dyslexiques ont encore des difficultés en lecture et écriture (Anonymisation). Dans l'objectif d'atteindre une meilleure égalité des chances de réussite, il est aujourd'hui fondamental de préciser les difficultés de ces étudiants tout en proposant des moyens de réduire ce qui les pénalise. La valorisation de ces projets a évolué au fur et à mesure de l'avancement des analyses : de la formation des enseignants à la mise en place d'un MOOC ; de la création d'un jeu sur les idées reçues au développement d'un dispositif de soirée de sensibilisation ou encore de la mise en place de cartographies d'aide à la création d'ateliers pour donner des clés concrètes aux étudiants.

A travers notre retour d'expérience, nous proposons une réflexion quant à la place des chercheurs dans la mise en place de tels outils et de la place que les chercheurs doivent laisser à la valorisation dans leur projet de recherche. Est-ce qu'aujourd'hui, la valorisation sociétale ne devient pas aussi essentielle que la valorisation scientifique ? N'est-ce pas finalement nourrir notre recherche que d'écouter et répondre aux besoins sociétaux, et ce malgré des tensions parfois fortes ?