Décrire et analyser les interactions verbales pour intervenir sur le terrain de la formation d'adultes faiblement qualifiés
Valérie Langbach  1@  
1 : Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française
Université de Lorraine, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7118

La compétence à l'oral reste le parent pauvre des formations destinées aux natifs francophones faiblement qualifiés. Or , l'ensemble de ces locuteurs n'est pas en capacité d'entrer dans une situation de communication de manière satisfaisante à l'oral.Comment mettre en place des tâches favorisant chez l'apprenant des apprentissages discursifs réussis ? Un nouveau terrain de recherche apparait.

Notre vision citoyenne de la maitrise de la langue nous invite à penser qu'avant tout, la langue doit être un outil qui donne la possibilité à tous de décoder le monde qui l'entoure. Pour ce faire, nous devons comprendre ce qui est dit, construire du sens en interprétant parfois des informations contradictoires, apprendre à informer, expliquer, argumenter, négocier, poser des questions, exprimer notre point de vue tout en tenant compte du contexte, gérer les interactions, maintenir la relation malgré un désaccord et cela dans toutes les situations de communication rencontrées qu'elles soient professionnelles ou quotidiennes. Des travaux récents (Emme, Reilly & Almecija, 2009 ; Langbach, 2014) ont montré que l'ensemble des locuteurs natifs francophones n'est pas en capacité d'entrer dans une situation de communication de manière satisfaisante à l'oral. Si l'offre de formation proposée dans le cadre de dispositifs publics (compétences clés) ou à l'initiative des entreprises (dispositif Cléa) intègrent la dimension verbale à l'oral dans leurs programmes, nous pouvons noter que les objectifs pédagogiques proposés visent principalement l'appropriation de compétences générales à savoir : lire, écrire ou encore compter. La compétence à l'oral reste, quant à elle, le parent pauvre de ces formations. En effet, la communication orale est plus souvent évoquée qu'abordée et elle tient bien plus de la discussion que du travail de formation. Les programmes élaborés jusqu'alors nous semblent insuffisants pour permettent aux personnes faiblement qualifiées d'endosser les nouveaux rôles qui s'offrent à elles et encore moins de s'approprier les habilités langagières en lien avec ces rôles (Boutet, 1998). Proposer ce type de programme, c'est aussi oublier que la didactique de l'oral s'appuie, sans doute plus que tout autre, sur des pratiques et des actions fortement contextualisées et non sur des activités génériques très éloignées des pratiques discursives réelles. Comment mettre en place des tâches favorisant chez l'apprenant des apprentissages discursifs réussis ? Un nouveau terrain de recherche apparait. Un véritable travail sur la compétence orale nous oblige à quitter le terrain de la langue pour aborder celui des conduites orales in situ. Cet exercice implique de décrire des situations de communications orales problématiques pour les publics faiblement qualifiés (réception ou formulations de consignes, transmission d'informations, etc.) afin de rendre perceptibles les variables et les difficultés rencontrées. Nous verrons que cette première étape est indispensable pour permettre de doser la complexité des éléments discursifs nécessaires à l'entrée dans une communication satisfaisante, et ainsi proposer aux apprenants une progression adaptée. Notre approche de cette question apportera des données objectives et ouvrira de nouvelles pistes didactiques pour les formations destinées aux publics faiblement qualifiés.

Mots clés : didactique - oral - publics faiblement qualifiés

Boutet, J. (1998). Aspects linguistiques, ergonomiques et didactiques de la parole au travail » In LAZAR A., (ed). Langage(s) et Travail. CNRS-LT Paris INRP, p75-78.

Eme, E., Reilly, J., & Almecija, Y. (2009). Compétences narratives et communicatives chez des personnes en situation d'illettrisme. Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 59(2009), 123-138.

Langbach, V. 2014. Communication verbale et insertion professionnelle : analyse de la construction collaborative du discours chez les locuteurs natifs faiblement qualifiés. Revue française de linguistique appliquée, vol. xix, (2), 85-95.


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