Cette communication s'appuiera sur la notion de translittératie qui consiste à lire, écrire et interagir au travers d'un grand nombre d'outils numériques, affordances et supports (Thomas et al. 2007) et qui peut être exploitée afin de rendre visible les données de la recherche en SHS et plus particulièrement à communiquer les recherches en didactique des langues. En effet, l'une des préoccupations soulevées par plusieurs chercheurs de ce domaine (par exemple Castellotti et de Carlo, 1995) est que leur recherche qui se veut utile et orientée vers le développement de la pratique, n'est pas perçue comme pertinente par les premiers concernés, à savoir les enseignants. On peut faire l'hypothèse que l'une des raisons de cette faible circulation de la recherche vers les praticiens tient en partie à la réticence et la méfiance éprouvées par ces derniers face aux discours théoriques présentés traditionnellement dans les revues scientifiques. On peut également poser que la circulation des discours et des théorisations pourrait davantage recourir à une écriture scientifique dépendant du numérique afin par exemple de valoriser les données de la recherche et donner à comprendre, à manipuler et à interagir avec des corpus retravaillés pour enrichir l'analyse de la pratique.
Pour ce faire, nous nous appuyons sur :
1/ un travail mené au cours de plusieurs années sur le corpus multimodal ISMAEL (Guichon et al., 2014) contenant des extraits d'interactions en langue étrangère, des entretiens, des images, photos, etc. en somme, un grand nombre de données écologiques,
2/ un site internet (Vidal, 2018) contenant des données soit brutes soit enrichies par l'analyse et ayant pour but d'accompagner le manuscrit papier d'une thèse.
Nous proposons d'analyser la manière dont nous avons sélectionné les données dans un corpus multimodal, dont nous les avons anonymisées, sous-titrées puis augmentées de l'analyse afin de rendre compte des enjeux liés à l'enseignement/apprentissage d'une langue étrangère lors d'interactions didactiques.
En définitive, notre réflexion rejoint un questionnement plus général sur la manière de communiquer les résultats de la recherche aux usagers, c'est à dire à la fois à nos pairs (chercheurs en SHS) mais aussi aux futurs enseignants de langue étrangère et ce, dans une optique de formation professionnelle.
Bibliographie :
Castellotti, V. & De Carlo, M. (1995). La formation des enseignants de langue, Paris, CLE International.
Guichon, N., Blin, F., Wigham, C., & Thouësny, S. (2014). “ISMAEL Learning and Teaching Corpus. Dublin, Ireland : Centre for Translation and Textual Studies & Lyon, France : Laboratoire Interactions, Corpus, Apprentissages & Représentations.”
Thomas, S., Joseph, C., Laccetti, J., Mason, B., Mills, S., Perril, S., & Pullinger, K. (2007). Transliteracy: Crossing divides. First Monday, 12(12). DOI : https://doi.org/10.5210/fm.v12i12.2060
Vidal (2018). Rétroaction corrective en ligne. Site internet pour la visualisation et la diffusion des données et analyses en SHS. Consultable à l'adresse : http://julievidal13.free.fr/