Nous présentons une recherche-action réalisée dans le département de la Guyane, académie placée entièrement en zone d'éducation prioritaire, et au contexte très plurilingue. Il se base sur un travail de terrain en formation d'enseignants, et cherche, à partir d'une combinaison de plusieurs types de données (questionnaires, entretiens, observations filmées de classes) à recueillir les représentations des enseignants sur les langues de leurs élèves ainsi que sur leurs pratiques de classe concernant la prise en compte de ce plurilinguisme.
La Guyane est un département profondément ancré dans le plurilinguisme par son histoire et par les flux migratoires qu'elle connaît (Léglise, 2008). La France, elle, connaît une longue tradition d'idéologie monolingue (Goi, 2014). Des tensions entre ces deux situations peuvent donc apparaître au niveau sociétal mais aussi au sein de l'éducation nationale notamment en éducation prioritaire dans l'académie de Guyane, avec un public d'élèves très majoritairement plurilingue (Alby, 2008). Lors de nos fonctions de formatrice académique1 , nous avons été amenée à former les enseignants à l'enseignement en contexte plurilingue et pluriculturel. Nous nous sommes intéressée aux façons dont sont valorisées toutes les langues présentes au sein de la classe et dont les équipes enseignantes y sont sensibilisées tant dans le premier que dans le second degré. Ce questionnement a engendré une ingénierie de formation permettant de faire émerger leurs représentations sur les langues des élèves. Ce travail de recherche2 relève d'une démarche empirique menée sur le terrain lors de sessions de formation des enseignants et est donc de type recherche-action. Le but était de faire un état des lieux des représentations, de les faire évoluer et de créer des leviers pour améliorer les pratiques enseignantes (Simon, 2014). La démarche a consisté à réaliser une étude ethnographique approfondie du terrain afin de proposer des recommandations adaptées au contexte. Un premier questionnaire a permis de recueillir les représentations des enseignants sur les langues de leurs élèves à partir d'un travail d'association de mots sur différentes langues présentes dans le département3 . Nous avons également mené des entretiens compréhensifs avec des enseignants du second degré. Ceci a permis de recueillir non seulement les représentations des enseignants sur les langues mais aussi sur leurs pratiques professionnelles. Enfin, d'autres données plus naturelles ont été recueillies lors d'observations désengagées dans les classes. Ces observations ont été filmées et suivies d'entretiens d'auto-confrontation avec deux enseignants4 . Les observables ont été transcrits et analysés afin de faire émerger les pratiques et les gestes professionnels pour les confronter à leurs représentations. Nous présenterons dans cette communication quelques résultats significatifs et quelques implications futures pour la formation des enseignants à la diversité linguistique.
Bibliographie :
Alby, S. (2008). Faire faire et faire mieux dire à des élèves dans une école de l'Ouest guyanais. Le Français dans Le Monde, pp.98-110.
Goi, C. (2014). Les langues à l'école, les langues et l'école. Tentations monolingues versus réalités plurilingues. Diversité, n°176, pp 33 -39
Léglise, I. (2007). Des langues, des domaines, des régions. Pratiques, variations, attitudes linguistiques en Guyane. Pratiques et attitudes linguistiques en Guyane : regards croisés, Paris, IRD, p.29-47.
Léglise, I. (2008). « Plurilinguisme et migrations en Guyane française ». Migrations et plurilinguisme en France, Cahiers de l'Observatoire des pratiques linguistiques, n°2, pp.94- 100
Simon, D.L. (2014). « Quand le biographique engage enseignants et élèves. Voie pour une didactique du plurilinguisme inclusive. », Diversité, n°176, pp 144 -50